Enquêtes Cordons : Le cadrage méthodologique général

Le cadrage méthodologique général

Rappel des objectifs de l’étude

L’Agence d’Aménagement durable, d’Urbanisme et d’Energie de la Corse souhaitait obtenir une assistance externe afin de pouvoir réaliser des analyses complémentaires à l’enquête sur la mobilité quotidienne des personnes hors saison estivale conduite en Corse durant la période 2016-2017. Pour bien comprendre les enjeux assignés à la présente mission, les conseils présentent dans les points ci-dessous, quelques éléments contextuels, qui dressent d’ores et déjà, les contours de cette mission :

Les enjeux liés à une meilleure connaissance sur la mobilité

Selon le Schéma Régional des Infrastructures et Services de Transport 1 (SRIT), annexé au Plan d’Aménagement et de Développement durable de la Corse (PADDUC), la réalité géographique de l’île, essentiellement constituée de « petites routes » sinueuses, constitue un frein incontournable à la mobilité, notamment en période hivernale. Les situations d’enclavement de certaines zones freinent l’accès des populations aux services et fonctions, avec des temps moyens d’accès aux équipements plus importants qu’ailleurs. L’amélioration des conditions de mobilité, principalement en milieu rural, pourrait permettre un maintien plus équilibré des populations sur l’ensemble du territoire insulaire. Le document fixe les priorités en ce qui concerne les transports intérieurs, présentées page suivante.

Or, il existe seulement quelques indicateurs permettant à l’heure actuelle d’estimer les déplacements intérieurs. Il s’agit principalement d’informations de billetterie pour les déplacements en train et car, de comptages routiers, de la consommation en carburant et du parc automobile pour ceux en voiture. Ces informations restent donc parcellaires et incomplètes, notamment en ce qui concerne les motifs de déplacement et les trajets effectués. Aussi, l’Assemblée de Corse a souhaité obtenir une connaissance plus fine des spécificités régionales en la matière afin de répondre au mieux aux problématiques liées à la mobilité intérieure des populations. Ainsi, le SRIT préconise la réalisation d’enquêtes auprès des migrants, afin de mieux connaitre les déplacements des insulaires et leurs besoins en termes de transports intérieurs, ce en vue de répondre à ces différents enjeux visant l’amélioration de la
mobilité quotidienne des populations.

Focus sur les enquêtes déplacements « standard CERTU »

Le Centre d’Expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA), ex-CERTU, a élaboré une méthodologie standardisée au niveau national, permettant la réalisation d’études et d’enquêtes liées aux déplacements et à la mobilité. Différentes enquêtes sont ainsi proposées comme outils encadrés visant l’obtention de données objectives, fiables et comparables à l’échelle des différentes agglomérations. En particulier, l’Enquête Déplacements Villes Moyennes (EDVM) qui concerne les agglomérations dont le pôle urbain recense un nombre inférieur à 100 000 habitants, constitue de fait un modèle adapté à la région Corse.

Il s’agit d’une enquête par téléphone réalisée auprès d’un échantillon représentatif de la population vivant dans le périmètre de l’enquête (le découpage IRIS est utilisé afin de délimiter les différents secteurs géographiques).  L’ensemble des déplacements effectués par l’interrogé, la veille du jour d’enquête, sont recueillis, à travers trois questionnaires (ménage, personne et déplacements). L’EDVM est réalisée en dehors de la saison estivale
et des vacances scolaires, du mardi au samedi, afin de recenser les déplacements effectués du lundi au vendredi.

L’EDVM, répondant particulièrement aux objectifs prioritaires du SRIT, a fait l’objet d’une enquête réalisée en Corse, d’octobre 2016 à avril 2017, dans le cadre d’un partenariat associant la DREAL Corse, la CTC (DGIRT), les deux communautés d’agglomération de Bastia et Ajaccio, les conseils départementaux et dont la maîtrise d’ouvrage a été confiée à l’AUE. Ainsi l’« Enquête sur la mobilité quotidienne des personnes en Corse hors saison estivale 2016-2017 », a été organisée en trois tranches : enquête téléphonique, des enquêtes cordons pour les véhicules légers et les transports en commun. L’analyse et l’appropriation des résultats issus de ces enquêtes, et notamment
celles issues des enquêtes-cordons, apporteront des éléments de réponse permettant d’alimenter la réflexion autour de l’amélioration de la mobilité des insulaires et de l’aménagement du territoire.

La méthodologie employée

Il sera présenté à grands traits les grandes étapes méthodologiques mises en œuvre.
Les différentes étapes de la mission

Avant de présenter les grandes étapes qui ont rythmé le contenu de la mission, les conseils se proposent de présenter la méthodologie de l’enquête cordon concernant les véhicules légers dans l’encadré infra :

La méthodologie de l’enquête cordon sur les véhicules légers

L’enquête cordon est une enquête de circulation qui permet de connaître les déplacements des individus qui entrent ou sortent du périmètre du cordon. D’après les informations transmises aux consultants, les véhicules sortants du cordon ont été interrogés dans le cadre de la présente enquête. Plus précisément, deux « cordons » ont été définis :

  •  Le premier pour le grand Ajaccio qui comprend 4 postes : APPIETTO, SANTA MARIA SICHE, URBALACONE et VIVARIO.
  •  Le second comprend 3 postes : LINGUIZZETTA, CASTELLO DI ROSTINO et PIEDIGRIGGIO.

En outre, l’enquête s’est déroulée les 4, 6, 11 et 13 octobre 2016. La carte ci-dessous décrit le zonage utilisé dans l’analyse ainsi que le tracé des principales routes et du chemin de fer de la Corse.

Enfin, il est à noter que dans le cadre de ces enquêtes, on distingue traditionnellement deux types d’échanges :

  •  Lorsque l’une des extrémités du déplacement se trouve à l’intérieur du cordon et l’autre à l’extérieur, on parle de flux d’échange entre le cordon et l’autre territoire (par exemple Ajaccio-Corte ou Bastia-Calvi) ;
  •  Lorsque les deux extrémités du déplacement sont en dehors du cordon, on parle de flux de transit car le cordon est simplement traversé (par exemple, Vico-Propriano).

Plusieurs étapes ont donc marqué le travail des consultants :

a) La collecte initiale d’informations, et notamment, la base de données des résultats issus des enquêtes cordons VL et TC ;

b) Le découpage des aires d’Ajaccio et de Bastia nécessaire à la définition des matrices Origine-Destination (OD). Lors de la réunion de lancement, il a été convenu que les matrices OD seraient fournies avec un niveau de détail à l’échelle de la commune. Néanmoins, à l’issue du travail de traitement des données, il s’avère que de telles matrices sont inexploitables notamment en raison du très grand nombre de communes pour lesquelles aucun trajet n’est comptabilisé. Théoriquement 133 225 trajets intra ou inter-communaux sont réalisables en Corse, l’enquête réalisée sur les VL ne fait apparaitre que 1 048 trajets différents, soit moins de 0,8% du total possible : autrement dit, cela signifie qu’une matrice OD exhaustive à l’échelle des communes ferait apparaître 99% de zéros. Les consultants ont donc choisi de découper la Corse en huit zones :

  1. Le cordon d’Ajaccio ;
  2. Le cordon de Bastia ;
  3. La zone Taravo-Valinco ;
  4. La zone Balagne élargie;
  5. La zone Ouest-Corse ;
  6. La zone Sud-Corse ;
  7. La zone Centre-Corse ;
  8. La zone Plaine-Orientale et Castagniccia.
figure1

Dans le corps du texte du présent document, les consultants présentent et analysent pour les VL des matrices OD découpées en fonction de ces 8 zones. En complément à ce découpage, un fichier excel présente les matrices à l’échelle communale.

S’y ajoute aussi un jeu de cartes qui présentent l’intensité des flux d’échange et de transfert au niveau des communes. En ce qui concerne les enquêtes trains et cars, le découpage en zones n’est pas nécessaire compte tenu du faible nombre de trajets à analyser. Les consultants présentent directement des matrices OD communales.

c) Le redressement des données pour les données relatives au Véhicule Léger (VL) ;
d) L’exploitation des données ;
e) L’analyse des données et la synthèse rédigée ;
f) L’élaboration des cartographies.

 

Les sources d’information et les limites de la démarche

L’analyse produite dans ce rapport porte sur les données fournies par l’AUE aux conseils. Ces derniers pensent que les résultats portant sur les VL sont tout à fait robustes. En revanche, en ce qui concerne les enquêtes trains et cars, ils expriment quelques réserves compte tenu du nombre limité de questionnaires recueillis dans les trains et dans les cars. En l’absence de comptages exhaustifs sur plusieurs jours, il est impossible d’effectuer un redressement qui garantisse la représentativité statistique du résultat des enquêtes. Néanmoins, même si la fiabilité des résultats pour les enquêtes trains et cars est discutable, ils constituent toujours une source d’information appréciable.