Ce chapitre traite de l'équipement des ménages en voiture, vélo et deux-roues motorisés. L’utilisation des différents modes de transports s’appuie sur leur disponibilité pour les ménages et les personnes : possession du permis de conduire, accès à une voiture, disponibilité d’un vélo, équipement en deux roues motorisés sont autant d'éléments impactant les pratiques de mobilité. Si les secteurs où les ménages sont les plus équipés en automobiles sont aussi les secteurs où on utilise le plus la voiture pour se déplacer quotidiennement, la relation entre équipement et utilisation quotidienne des deux-roues est plus difficile à cerner.

La part des ménages non motorisés est plus élevée dans les secteurs urbains, notamment Bastia et Ajaccio (respectivement 16 et 12% de ménages sans voiture), mais aussi à Corte - Morosaglia - Asco, toujours en lien avec la présence d’étudiants.

Au contraire, la part des ménages multimotorisés, c’est-à-dire qui disposent de 2 voitures ou plus, est plus élevée dans les zones périurbaines des grandes agglomérations, en particulier autour d’Ajaccio : Prunelli - Haute Gravona (59% des ménages) et Golfe de Lava - Plaine de Peri (63% des ménages).

Utilisation du parc automobile

Les déplacements des résidents peuvent se qualifier de trois façons différentes :

• La mobilité interne ne prend en compte que les déplacements effectués au sein du territoire de résidence.
• La mobilité d’échange concerne uniquement les déplacements dont seule l’origine ou la destination est située en Corse.
• La mobilité externe concerne les déplacements dont ni l’origine ni la destination ne sont situées sur le territoire de la Corse.

Les déplacements internes et déplacements d’échanges sont regroupés sous le nom de déplacements en lien avec le territoire. A l'échelle de la Corse, les déplacements internes sont très majoritaires. Ils représentent 99,6% des déplacements réalisés chaque jour.

Les déplacements dans le temps

Les immobiles

La part des immobiles est particulièrement élevée dans certains secteurs : Calcatoggio - Osani - Niolu (18% de la population), Bonifacio (17%) et Saint-Florent - Cap Corse (16%). Certains secteurs se distinguent, quant à eux, par une part élevée de personnes qui réalisent 5 déplacements ou plus par jour, notamment Borgo - Murato - Agriates (38%), Ajaccio (37%) et Porto-Vecchio (37%) qui ont aussi le taux de mobilité le plus élevé (4,1 déplacements par jour).

Lors de la phase de consolidation, le CEREMA ajoute des calculs de distance. Pour chaque déplacement, deux types de distances sont proposés :

• Distance totale du déplacement (DIST) : il s'agit, comme son nom l'indique, de la distance totale du déplacement, quelle que soit son origine géographique ou sa destination
• Distance à l'intérieur du périmètre (DISP) : le périmètre considéré ici est l'ensemble de l'aire d'étude, c'est-à-dire la Corse. Il s'agit donc des distances parcourues réduite à ce périmètre. Un déplacement externe (avec une origine et une destination hors de Corse) aura donc un DISP égal à 0.

Les habitants de Corse parcourent quotidiennement 9 905 000 km, dont 92% (soit 9 170 000 km) en Corse. Les 8% restants sont des déplacements réalisés hors de Corse (déplacements externes), ou ceux dont une partie n'est pas effectuée en Corse (déplacement en échange avec le continent).

• Le secteur d’Ajaccio est celui dont les habitants parcourent le plus de kilomètres : 1 million par jour sur les 9 millions parcourus au total chaque jour en Corse.
• Viennent ensuite les secteurs de Vescovato - Orezza - Cervione (900 000 km), de Borgo - Murato - Agriates (882 870 km) et de Bastia (872 000 km).
• Le secteur de Bonifacio est celui dont les habitants parcourent le moins de kilomètres : moins de 93 000 par jour.
• Dans les secteurs les plus urbains (Ajaccio, Bastia), la part des kilomètres parcourus est plus faible que la part des habitants dans la population.

Le profil journalier des déplacements varie selon l’âge. Les 11-18 ans sont les premiers à se déplacer, avec un premier pic à 7h, puis à 12h et enfin, à 17h. Le pic de déplacements des 25-50 ans et des 50-65 ans intervient une heure plus tard, à 8h. Celui des 65 ans et plus est le plus tardif, à 10h. Les pointes du soir varient entre 15h pour les 65 ans et plus et 17h pour 11-18 ans et les 50-65 ans

Les 25-49 ans sont ceux dont la part des déplacements de 5 km ou plus est la plus importante : 38%. Inversement, les 65 ans et plus sont ceux pour lesquels la part des déplacements de 5 km ou plus est la moins importante : 30%. Les déplacements de 0 à 2 km représentent 45% de leurs déplacements.

Les horaires de pointe sont très marqués pour les actifs à temps plein. Leur pic de déplacements au moment de la pause méridienne est presque aussi prononcé que pendant les heures de pointe. L’heure de pointe du matin des retraités est plus tardive, centrée sur 10h. Un second pic, beaucoup moins prononcé, intervient en milieu d’après-midi, aux alentours de 15h. La pause méridienne correspond à un creux dans les déplacements. Les pointes de déplacements des scolaires sont extrêmement marquées, dictées par les horaires de classe.

Les utilisateurs des modes

Les distances de déplacements selon les modes

Les modes de déplacement ont des zones de pertinence différentes, notamment en termes de distance à parcourir et de vitesse, qui influent sur les choix des usages.

La figure suivante donne une analyse croisée entre la durée et la distance de déplacement selon le mode pour la Corse. Elle donne la durée moyenne de déplacements selon les classes de distances et selon les modes. Ainsi en moyenne un déplacement de moins de 500 mètres est réalisé en 4 minutes à pied contre 18 en mode motorisé.

Les enquêtes déplacements caractérisent les motifs de déplacement en 38 motifs. Afin de produire une analyse compréhensible et représentative, il convient d'agréger ces modes en différentes catégories :

Les motifs de déplacements seront ici analysés selon deux approches complémentaires : activités, motifs combinés et déplacements secondaires. On appelle :

• “activité” le motif à destination du déplacement. En sont exclus les déplacements à destination du domicile qui sont considérés comme des retours d’activités et non comme une activité. Pour l'EDVM de Corse, cela revient à exclure de l'analyse 38,4% déplacements soit 404 100 déplacements à destination du domicile
• “motif combiné” le motif qui allie le motif à l’origine avec le motif à destination, indépendamment du sens du déplacement. Les déplacements du domicile vers le travail ou du travail vers le domicile sont tous comptés sous le motif combiné “domicile  ⇄  travail”. Les déplacements secondaires correspondent à des déplacements qui ne sont pas liés au domicile.

Les déplacements selon l'activité

Représentation géographique des motifs de déplacements

Les déplacements liés aux activités dans le temps

La figure suivante donne l'évolution au cours de la journée du nombre de déplacement selon les motifs d'activité. Les déplacements ayant pour motif un retour au domicile sont donc exclus.

La voiture est le premier mode de déplacement, quel que soit le motif d’activité.

Les transports collectifs sont plus utilisés pour les déplacements liés à l’école (29%) et à la formation (26%). Les modes actifs sont plus utilisés pour les déplacements liés aux loisirs (47%) et aux « achats autres commerces » (43%). Ils sont peu utilisés, en revanche, pour le travail (14%) et pour les achats en grands magasins (14%).

Les pics de déplacements en lien avec le domicile sont atteints à 8h, 12h et 17h. Ceux des déplacements secondaires ont lieu aux mêmes horaires, un peu plus tôt cependant l’après-midi (à 16h). À 12 heures, près d'un tiers des déplacements ne sont pas en lien avec le domicile.

Quel que soit le type de déplacement, la voiture est mode le principal.

Pour les déplacements en lien avec le domicile comme pour les déplacements secondaires, la voiture est le principal mode de déplacements : 69 et 68%. Les déplacements secondaires se font plus à pied et moins en transports collectifs que les déplacements en lien avec le domicile.

Les motifs de déplacement selon le genre

Des motifs de déplacement spécifiques à chaque âge

Les 11-18 ans et les 65 ans et plus se distinguent avec des motifs prédominants :

• La formation pour les 11-18 ans
• Les loisirs, démarches et autres et les achats et services pour les 65 ans et plus
• Le travail est le premier motif pour les 25-50 ans et pour les 50-65 ans.

Des motifs en lien avec l'occupation

Pour les actifs, le travail ou la formation constituent les premiers motifs d’activités.

Pour les inactifs, trois motifs prédominent : achats et services, loisirs, démarches et autre et enfin, accompagnement.

Dans l'analyse de la mobilité qui vient d'être menée, les déplacements sont considérés indépendamment les uns des autres. Cette approche simple à mettre en oeuvre, est imparfaite puisqu'en réalité les déplacements s'enchaînent. Le choix d'un mode est souvent conditionné par le précédent mode employé. Une personne utilisant sa voiture pour un déplacement est, dans la plupart des cas, contrainte d'effectuer un déplacement retour avec celle-ci.

Pour appréhender ce phénomène, l'analyse s'appuie sur la notion de boucle de déplacements. Une boucle se définit comme la totalité des déplacements du départ jusqu'au retour au domicile.

La chaîne de déplacements est constituée, dans la majorité des cas, d'une ou plusieurs boucles de déplacements. Une boucle de déplacements est constituée de l’ensemble des déplacements réalisés entre un départ du domicile et un retour au domicile. On appelle "boucle simple" une boucle composée uniquement de 2 déplacements. Il s’agit d’un aller-retour entre le domicile et une activité.

Un habitant de Corse réalise en moyenne 3,77 déplacements par jour. La succession de ces déplacements constitue la chaîne de déplacements. Pour 98% des personnes enquêtées, la chaîne de déplacements est réalisée par un départ du domicile et un retour vers le domicile. 2% des personnes enquêtées soit sont parties pour leur premier déplacement d'un autre lieu que le domicile, soit ne sont pas retournées à leur domicile en fin de journée.

Les habitants de Corse effectuent en moyenne 3 déplacements sur 4 en lien avec leur domicile. Un déplacement sur 4 est donc réalisé avec une origine et une destination différentes du domicile.

Une autonomie des secteurs très hétérogène

Les motifs dans les flux de déplacements

• 31% des déplacements liés aux loisirs, démarches et autres sont internes au secteur de résidence.
• 38% des déplacements liés au travail sont en lien avec le secteur de résidence.
• 34% des déplacements liés aux loisirs, démarches et autre sont externes au secteur de résidence.

Les modes dans les flux de déplacements

Les matrices origine-destination

Les flux de déplacement selon les modes

La matrice des déplacements pour les modes actifs met en évidence les secteurs qui génèrent le plus de déplacements à pied et à vélo, qui sont principalement des centres urbains : Ajaccio, Corte Morosaglia Asco, Aleria Linguizzetta Conca, Bastia, Borgo Murato Agriates, Vescovato Orezza Cervione.

Les déplacements en transports collectifs sont importants à l’intérieur de certains secteurs, notamment ceux dotés d’un réseau de transports urbains : Ajaccio, Bastia et Porto-Vecchio. Les échanges ressortent également entre des secteurs reliés par le train, par exemple l’Ile Rousse Lama et Calvi Galeria Algajola.

Les flux de déplacement selon les motifs

Les matrices selon les motifs mettent en évidence le lien entre la localisation des différentes activités, des équipements et des services et les flux générés. Pour le motif « travail », la matrice fait ressortir des pôles d’emplois, au sein desquels les flux liés au travail sont importants :

• Ajaccio, Prunelli Haute Gravona, Golfe de Lava Plaine de Peri
• Porto-Vecchio, Figari Zonza Quenza
• Calvi Galeria Algajola, Ile Rousse Lama
• Bastia, Saint-Florent Cap Corse, Borgo Murato Agriates
• La matrice des déplacements pour le motif « études » fait ressortir trois pôles d’enseignement supérieur : Ajaccio, Bastia et Corte. Globalement, les flux sont plus réduits que pour les autres motifs de déplacements.

observer les rythmes de la ville

Les usages de la ville étant de plus en plus complexes, les techniciens de l’urbanisme cherchent aujourd’hui à s’appuyer sur de nouvelles manières de lire le territoire, en lien avec le numérique. L’évolution vers des formes de représentation dynamiques apporte ainsi un regard renouvelé sur des outils "historiques" d’observation, tels que l’Enquête Ménages Déplacements, leur permettant de mieux rendre compte des bouleversements dans les usages du territoire.

En effet, nos modes de vie en profonde mutation réinterrogent des rythmes sociaux de plus en plus individualisés, diversifiés et accélérés : l’organisation quotidienne des individus est impactée par des situations familiales plus complexes, par des temps de loisirs qui s’étendent et des temps de travail de plus en plus décalés par le numérique. Ainsi, les usages induits par le numérique contribuent à séparer l’activité de son lieu et inculquent le culte de l’immédiateté à un individu plus flexible, disponible et réactif.

Ces transformations questionnent à la fois la temporalité et la spatialité des activités effectuées par les habitants. À celles-ci, s’ajoutent des dysfonctionnements métropolitains qui influent sur la qualité de vie et l’attractivité des territoires. La hausse du couple distance-coût des déplacements, liée à l’étalement urbain, au coût du logement et de l’énergie, met à mal le modèle de "ville automobile" et fait de la mobilité un facteur discriminant. D’autre part, la croissance démographique provoque une saturation des réseaux de transports, dans un contexte financier qui rend difficile la création de nouvelles infrastructures.

Le temps n’est ainsi plus le même pour tous et représente un vecteur d’inégalités, tout autant qu’il devient un important levier d’action pour les politiques publiques.

Il importe donc de trouver des moyens d’observer le temps, pour comprendre à la fois la manière dont il structure le territoire en raison d’importants "marqueurs temporels", et comment l’aménagement urbain l’impacte par les choix de localisation des individus et des activités.

L’Enquête Ménages Déplacements, par son regard sur les "pulsations urbaines", permet l’observation non plus des déplacements des personnes, mais celle de leur emploi du temps : où sont-elles et que font-elles ? Cette approche offre un regard approfondi sur les rythmes de la ville, le fonctionnement dynamique et l’attractivité des territoires à l’échelle d’une journée. Au final, c’est une lecture du fonctionnement métropolitain qui est ainsi proposée.

Source aua/Toulouse

L'illustration présente donne une représentation de l'Enquête Ménages :

• avec le point de vue des déplacements (en haut),
• avec le point de vue des pulsations urbaines (en bas)

Cette approche ne s’intéresse donc pas aux déplacements mais aux personnes. Elle permet de savoir :

•  Qui est présent dans les différents secteurs du territoire,
•  Quelles activités sont pratiquées, où, quand et sur quelle durée,
•  Quelles sont les évolutions au cours de la journée.

Ces thèmes sont développés dans les deux chapitres suivants.

Le temps passé au domicile varie de 72% à Golfe de Lava - Plaine de Peri (part importante d’actifs et de scolaires) à 78% à Bonifacio, Calcatoggio - Osani Niolu, Ile Rousse - Lama et Vescovato - Orezza - Cervione. Le temps consacré aux déplacements varie de 5% à Porto-Vecchio, Bonifacio et Bastia à 7% notamment dans des secteurs périurbains (ex. : Golfe de Lava - Plaine de Peri).

L'activité selon le profil des habitants

Aux échelles infra-territoirales (DTER ou D05), les déplacements d'échange sont les déplacements qui génèrent le plus d'impact environnementale. À l'échelle des territoires de projets, ils sont responsables de 28 à 77% des émission de GES alors qu'ils ne représentent que 2.1 à 29% des déplacements

Ce paragraphe s'intéresse plus particulièrement à l'impact environnemental des déplacements réalisés en voiture.

L'impact environnemental des déplacements selon le motif est ici analysé selon les motifs combinés. Pour rappel, les motifs combinés sont l'association du motif à l’origine avec le motif à destination, indépendamment du sens du déplacement. Les déplacements du domicile vers le travail ou du travail vers le domicile sont tous comptés sous le motif combiné “domicile ⇄ travail”. Les déplacements secondaires correspondent à des déplacements dont ni l'origine, ni la destination n'est le domicile.